Calcul différentiel 2/3

∫T

Enfant terrible, elle va voltigeant lestement.
Son rire attire la nuit. Tout l’univers rougit follement.
Passant ainsi jambes nues, frêle charmeuse, errant,
Franchit l’imposant cordon de meurtriers et charognards
Qu’un beau désordre fait jaillir, rampants animaux.
Joyeusement mène troupeau, fidèle à son serment.
Tonne l’orage, siffle le vent funeste,
Hurlant d’impies vers, métèque fuyant loin des jours malheureux,
Va giflant brumes et mers de ses crochets nerveux.
Des couteaux dégainés sèment la peur.
L’impérieux prévôt du crime
Fait traquer nuit et jour la vaurienne trop récalcitrante.
Comme un jeu de mort se noue sur l’envers de l’église.
Sous un orme sort un curieux pantin.
L’étroit passage joint l’enfer.
Meurtre sans cri.
Passent pigeons des rues,
De leur envol glissant.


Ce texte fait suite à ceux présentés sous le titre Calcul différentiel 1/3 qui illustraient une notion de dérivée d’un texte.
L’opération inverse de la dérivation est la recherche d’une primitive. Une primitive ∫T d’un texte T est un texte U tel que U’=T. Ainsi, le texte de cette page est ∫T pour le poème T de Tristan Derème que je rappelle ci-dessous:

Entre la vie et moi tirant un voile épais,
j’enfermerai mon cœur et conquerrai la paix.
Je sèmerai dans mon oreille une tulipe ;
et quand j’aurai fumé mes cheveux dans ma pipe,
pour marquer la retraite où je m’ensevelis,
sur mon crâne rasé je ferai peindre un lis.

Comme précédemment il n’y a pas unicité d’une primitive d’un texte. En revanche, je pense qu’on doit toujours pouvoir trouver des primitives d’un texte (à la différence des maths), mais je laisse ça en conjecture.
Posté sur la liste Oulipo le 4 février 2015.

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